COMITE QUARTIER 14
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Lettre à Monsieur Castagnou Maire du XIVème

Pierre CASTAGNOU
Maire du 14ème arrondissement de Paris
2, place Ferdinand Brunot
75014 PARIS
Paris, le 3 décembre 2002,

Objet : quartier vert


Monsieur le Maire,


L’Association Comité Quartier 14 a établi, lors de son assemblée générale du 20 novembre, un constat très négatif des aménagements réalisés au sein du quartier vert depuis le mois de juillet. L’affichette, jointe à cette lettre, reprend les principaux griefs énumérés par les habitants du quartier et ceux des quartiers riverains.

Il règne désormais dans le quartier et les rues avoisinantes un profond sentiment d’amertume : celui de ne n’avoir jamais pu être entendu. Les panneaux récemment déposés par la mairie sur des grilles mobiles ne font qu’exacerber ce malaise. Au nom d’un à priori incompréhensible, à savoir la fermeture pure et simple des principaux axes entrants et sortants du quartier, la rue de la Tombe-Issoire et la rue du Père Corentin, la qualité de vie se dégrade irrémédiablement partout ailleurs.

Ce n’est pourtant pas le principe du quartier vert qui est en cause ; du moins tel n’est pas le point de vue de notre association.
- Nous sommes pour limiter et ralentir la circulation.
- Nous sommes pour un quartier vert pour tous, où il fait partout bon vivre.

Nous constatons par contre que la méthode qui a été choisie par la Mairie pour mettre en œuvre ces principes est aussi brutale qu’inefficace, et qu’elle doit être changée d’urgence.

Personne ne peut imaginer que les Parisiens, les habitants des communes limitrophes, les livreurs, les entreprises, les transports de tourisme, renoncent du jour au lendemain, sans aucune alternative crédible, aux déplacements motorisés. Certes, la question de la circulation automobile est centrale. Mais dissuader le recours systématique à la voiture ne veut pas dire la supprimer ici et pas ailleurs. Supprimer des axes symboliques et historiques ne résout en rien, par exemple, la question des livraisons et du trafic professionnel.

Combien de communes – y compris la ville de Paris – ont imaginé des aménagements permettant d’apaiser et de tranquilliser certaines artères centrales ? Pourquoi refuser la mise en place de ralentisseurs et faire jouer ici ce rôle aux immeubles dans le jeu invraisemblable du labyrinthe ?
Chacun le constate quotidiennement dans notre quartier et dans les quartiers limitrophes : les automobilistes, les livreurs, frustrés d’être détournés de leurs axes de circulation habituels, s’engouffrent où ils peuvent, dans les grands axes encore en service, en renforçant leur encombrement, ou dans les petites rues du quartier où la circulation devient de plus en plus nerveuse, brutale et, in fine dangereuse.

Par ailleurs, certains symboles sont actuellement trop caricaturaux pour que la situation soit maintenue en l’état. Comme beaucoup d’habitants du quartier, nous nous interrogeons sur la disproportion entre les investissements consentis pour l’aménagement du carrefour Sarrette – Tombe-Issoire – Alésia et le fait qu’aucun aménagement, pas même un trottoir surélevé ou un bac à fleurs, n’ait été prévu dans toutes les rues au sud du quartier.

De même, n’est-il pas paradoxal de supprimer la totalité des transports en commun qui desservaient le sud du quartier lors de la mise en place des nouveaux aménagements ? N’eût-il pas fallu tout au contraire, mettre en service – ou du moins programmer la mise en service – de nouveaux modes de transport en commun, plus mobiles, plus souples et mieux adaptés aux besoins du quartier ?

Enfin, que dire du nouveau plan de stationnement, décidé sans aucune concertation, annoncé par quelques rares prospectus à la mi novembre pour exécution dès décembre, et supprimant des places de stationnement ici ou là, sans aucune logique apparente, si ce n’est celle de fluidifier la circulation dans les petites rues du quartier où enfin cars et camions pourront circuler sans difficultés. Quel progrès pour un quartier vert !

Il faut arrêter ce genre de mesures qui ne font qu’exaspérer un peu plus les riverains. Assez de bricolage, de sens interdits, de segmentations absurdes. D’autres solutions doivent être recherchées d’urgence avant que l’expérimentation du premier quartier vert de Paris ne se transforme en échec majeur et rende plus complexe toute politique globale et à long terme de réduction du trafic automobile. Il faut radicalement changer d’approche et de méthode.

Dans cet esprit, l’Association Comité Quartier 14 souhaite avancer des propositions concrètes et consensuelles. Ces propositions ont été élaborées à la suite de multiples discussions menées depuis des mois au sein de l’association. Nous en avons discuté avec les associations de commerçants. Nous en discutons quotidiennement avec les habitants du quartier et ceux des rues limitrophes. Nous en discutons avec les associations du quartier et celles des quartiers voisins.

Ces propositions émanent d’un travail collectif de proximité, continu et contradictoire, à l’écart de toute pression politique ou de tout lobby.

Nous persistons : un quartier vert oui, mais un quartier vert pour tous, sans renvoyer à l’aveugle les nuisances évitées sur les autres.

Nous pensons que des mesures fortes s’imposent dès la fin de l’année et le début 2003 car, décidément, les habitants ne s’habituent pas et ne s’habitueront pas, soyez en certains, à voir leur quartier de moins en moins vert depuis le mois de juillet.

Au nom du nouveau bureau de l’association, je sollicite donc un entretien après de vous pour vous faire part de ces propositions.

Dans cette attente, je vous prie de recevoir, Monsieur le Maire, l’expression de ma considération distinguée.

Le Président de l’Association Comité Quartier 14,

Gilles POUTOUT

Association Comité Quartier 14
3, rue Marié-Davy
75014 PARIS

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comitequartier14@free.fr