A.D.R.A.
association de Défense de la rue des Artistes
et avoisinantes.
20, rue des Artistes
75014 Paris

MISE AU POINT SUR LE QUARTIER VERT 7 Septembre 2002

**RAPPEL

Préalablement à la mise en place d'un Quartier Vert en Juillet 2002, quelle était la situation de la circulation dans le périmètre concerné ? À l'exception des axe» de transit et du carrefour Alesia-Tombe lssoire qui faisaient problème, toute la zone considérée était globalement paisible avec une majorité de petites rues tranquilles.

Il faut savoir que depuis de nombreuses années les Associations du quartier (des riverains aux parents d'élèves) avaient attiré sans succès l'attention des pouvoirs publics sur la dangerosité et l'incohérence du carrefour AlésiaTombe Issoire. Et c'est avec satisfaction que chacun a appris que la nouvelle Municipalité avait décidé, dès son installation, de modifier le carrefour dans le sens suggéré depuis longtemps par l'ADRA.

**UNE REGRETTABLE CONFUSION.

Cependant le nécessaire aménagement du carrefour souhaité par tous s'est trouvé inclus au sein d'un projet bien plus large et donc très différent : l'instauration d'un Quartier Vert (télescopage entre d'une part les volontés locales initiales de nature pratique et sécuritaire, et d'autre part un dessein politique exprimé par la Mairie de Paris). Un comité de concertation a été créé par la Mairie du 14ème au sein duquel la confusion régna d'une manière ininterrompue car les deux sujets disjoints (l'aménagement du carrefour et le nouveau plan de circulation) se mêlaient au gré des interventions des uns et des autres, peu « cadrés » faute d'ordres du jour précis.

C'est pourquoi, l'ADRA, outre ses interventions dans le cadre de ce comité, a cru nécessaire d'écrire à deux reprises ( 23 Mai et 18 Juin 2001) directement au Maire d'Arrondissement, Pierre Castagnou, pour lui faire part de son soutien pour l'aménagement du carrefour tout en exprimant de sérieuses réserves sur la méthodologie qui consistait à faire découler les difficultés avérées du carrefour de la trop grande densité du flux circulatoire entrant dans Paris ; en un mot, justifier et asseoir la mise en place d'un Quartier vert afin d'aménager le dangereux carrefour!

De fait, le projet essentiel était le Quartier Vert que voulait promouvoir la nouvelle majorité, le carrefour se trouvant ainsi modifié dans la foulée du plan général. Or sur ce dernier aspect, les études étaient insuffisantes, et VADRA avait le sentiment que notre quartier servait de test grandeur nature à ce que pourrait devenir la multiplication des quartiers verts étendue à l'ensemble de la capitale.

Aussi, quand notre quartier a découvert , début Juillet, les effets pervers du nouveau plan, l'ADRA n'a pu que faire référence à ses analyses publiques de l'année précédente. En conclusion de la lettre de protestation du 8 «Juillet, l'ADRA demandait au Maire de prendre des dispositions radicales pour détourner la circulation de transit qui surchargeait les rues auparavant paisibles de notre quartier.

**LE BASCULEMENT : DE LA DISSUASION À L'INTERDICTION

La clameur du quartier fut entendue. L'ADRA, à l'invitation de la Mairie, fut une des rares Associations qui participa positivement à la visite « historique » du 17 Juillet. Visite où Denis Beaupin, réalisant le désastre, décida de « fermer » le quartier pour que l'idée de Quartier Vert ne soit pas ensevelie sous les excès insupportables du nouveau transit. C'est ainsi que, le 8 Août, l'entrée Sud de Tombe Issoire a été interdite ainsi que l'entrée Nord au niveau de René Coty (inversion de Remy Dumoncel). Le transit fut déporté, le flux automobile fut réduit.

En réagissant de la sorte par la clôture du quartier vert, en l'isolant et en le retirant du tissu circulatoire, la Mairie répondit aux exigences d'une conjoncture de crise ; mais ce faisant, elle changeait aussi de politique concernant le Quartier Vert !

En effet, la politique l se résumait à une démarche dissuasive à l'encontre des flux de transit : on neutralise principalement Tombe Issoire et, en remplacement de cet axe vertébral simple, est créé un jeu de chicanes urbaines qui permet laborieusement d'accomplir le même trajet en empruntant les détours aménagés ( de Lacaze aux rues de Loing ou de l'Aude pour le Sud, Rémy Dumoncel et d'Alembert pour le Nord). Bref, la politique l consiste à remplacer le ligne droite par un labyrinthe (en espérant ainsi dissuader le flux automobile). Cette démarche a clairement échoué, plongeant tout le Quartier dans un émoi légitime.

Face à cet échec évident, la Mairie réagit durant le mois de Juillet, et met en place la politique 2. Le labyrinthe n'étant pas dissuasif, il est décidé d'Interdire l'entrée dans le Quartier Vert : Tombe Issoire est fermée au Sud aux voitures, et l'inversion de sens de Rémy Dumoncel ferme de fait Tombe Issoire au Nord. Mis à part les contrevenants assez nombreux, le flux de transit est détourné, l'objectif de la politique 2 de fermeture est atteint : les rues traumatisées par la politique l retrouvent une circulation tolérable (bien que supérieure à la situation avant la mise en place du Quartier Vert)


**LES EFFETS PERVERS DU CHANGEMENT DE POLITIQUE.

l) La conservation du dessin labyrinthique (politique l) au sein de la politique 2 d'interdiction.

Si l'on reprend le déroulement des faits, on constate le résultat suivant : l'interdiction d'accès par Tombe Issoire a réduit le transit (objectif atteint) mais on a conservé le plan de circulation labyrinthique lié à la politique précédente et caduque ! Ce qui a pour effet involontaire de contraindre le trafic riverain & emprunter des itinéraires compliqués et rallongés qui du coup continuent à polluer inutilement des rues auparavant bien tranquilles et exemptes de nuisances sonores.

Pour illustrer cet effet pervers et donc inutile, citons l'exemple de notre quartier des Artistes. Les résidents des zones Père Corentin et Tombe Issoire doivent obligatoirement emprunter pour sortir du quartier l'itinéraire suivant : Douanier Rousseau, St Yves, Artistes, Aude pour atteindre le carrefour Alésia. Ce détour inutile est la conséquence de la précédente politique qui avait créé cet itinéraire pour dissuader le flux de transit.

On assiste alors à l'incohérence suivante : Tombe Issoire entre St Yves et Aude est totalement vide alors que St Yves, Artistes et Aude voient passer la totalité du flux riverain qui crée de fortes nuisances dans ces petites rues étroites impropres à un trafic dense même réduit.

La prise en compte de la politique 2 réclame donc en l'occurrence la mise à double sens de Tombe Issoire (entre Aude et St Yves) pour que le flux riverain sortant puisse utiliser Tombe issoire (voie large et dégagée sur cette portion) au lieu de s'engouffrer dans le labyrinthe et de polluer l'ensemble du quartier des Artistes (parcourir un seul petit côté d'un rectangle paraît plus logique et plus écologique que d'emprunter les 3 autres côtés l).

Il nous semble donc que cette mesure de bon sens, mesure qui s'inscrit dans la problématique du quartier vert, s'impose d'elle-même.

On notera, en complément illustratif de l'incohérence résultant du « mélange » des 2 politiques, que Lacaze, du fait du labyrinthe institué autour de Père Corentin, connaît désormais une situation identique avec une circulation sortante importante et préjudiciable alors que Tombe Issoire (bien large et sans immeuble Est) est déserte entre Lacaze et Beaunier-Reille !

2) Le« grande* difficulté* d'accès» au Quartier Vert pour le« résident».

Désormais, on ne peut rentrer dans notre quartier que via la rue d'Alésia dont chacun sait qu'elle est continuellement bouchée, situation qui va empirer avec la neutralisation de Tombe Issoire qui engorge, par report, les carrefours Alésia-René Coty et bien sûr Victor Basch. Car il faut bien noter que la rue d'Alésia est l'artère victime de la « fermeture » du Quartier vert.

L'autre accès (Sud) est par Sarrette : que va-t-il advenir de cette entrée ? II semble nécessaire de la conserver, faute de quoi les résidents sont renvoyés à la rue d'Alésia même sïls viennent du Sud. Mais cette perspective nécessaire laisse entrevoir une conséquence perverse : l'aménagement dissuasif de Général Leclerc va précipiter les voitures vers des itinéraires malins. Or le seul qui se présente au Sud est celui qui part de Sarrette pour rejoindre le carrefour Tombe Issoire-Alésia via Père Corentin, Douanier Rousseau etc. Ce qui aurait pour effet de plonger à nouveau le Quartier Vert dans le traumatisme de Juillet ! D'où la délicate question de « l'entrée » par Sarrette...

3) La grave menace qui pèse sur le commerce au sein du Quartier Vert depuis sa « fermeture » suivant la politique 2.

La mise en place de la politique 2 a une conséquence sociale et environnementale de première importance. Dans le cadre de la politique l de dissuasion, le flux de transit était supposé diminuer et non pas d'être réduit à zéro ! Dans le contexte de la politique 2 de fermeture et de clôture, le flux de transit est quasiment interdit (objectif posé par la Municipalité).

Dans cette hypothèse en voie de réalisation, nous estimons que la survie des principaux commerces de notre quartier devient problématique du fait de la perte de recettes liées aux clients de passage. Pas de circulation = pas de commerce!

Il nous semble donc que l'effet pervers particulièrement négatif de la politique 2 d'interdiction d'accès est l'extinction progressive du commerce qui ne peut rarement survivre de la seule clientèle de proximité.

Aussi, l'ADRA est plutôt favorable à l'esprit des propositions avancées par l'Association comité 14, propositions qui visent à rétablir un axe de transit sortant vers le Sud, mesure qui permettrait aux commerçants de retrouver, sur une échelle réduite, une clientèle de passage nécessaire à leur survie.

Cette hypothèse ne grève en rien le Quartier Vert qui deviendrait alors une expérience réussie, même si quelques voitures le traversent suivant un des axes (Tombe Issoire ou Père Corentin) déjà structuré pour un trafic de cette nature qui serait évidemment inférieur en densité à la situation antérieure.

En revanche, nous sommes persuadés qu'une absence totale de circulation de transit conduirait à brève échéance notre quartier à la disparition des commerces qui forment le tissu de la vie sociale en milieu urbain. Quartier Vert ne doit pas devenir synonyme de quartier désert !
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